C'a été mon gros chantier de l'été. Et pourtant ça a commencé par un petit rien. Juste un petit mail d'Alice, un S.O.S. On ne se connait pas, elle suit mon blog. Et elle cherchait désespérément quelqu'un pour un projet couture sur mesure.
Sa problématique : son papa travaille dans l'édition, trimballe carnets et bouquins par monts et par vaux, dans un sac à dos D*c*thlon qui a fait son temps. Il a du y renoncer, sans pouvoir le remplacer à l'identique. Entre-temps, les modèles ont changé ; et les autres modèles, ce n'est pas pareil.
Donc, pour lui faire une surprise, Alice et sa maman voulaient lui offrir la frère jumeau de feu-son-sac, en cuir pour la classe et pour qu'il lui dure plus longtemps. J'accepte de lui faire un devis sur la base du sac qu'elle m'expédie, elle valide le devis, c'est parti ; je n'ai plus qu'à trouver la matière.
Le sac d'origine - c'est tout noir, on n'y voit rien !
Je teste quelques fournisseurs à distance sur le net, sans trouver mon bonheur dans les peaux en stock ; et pas de renouvellement du stock avant la rentrée. Parce qu'à ce moment-là, mine de rien, on est la semaine du 1er août. Je pars donc en goguette pour faire le tour des peausseries parisiennes en commençant par ... peu importe, la première sur ma liste, quoi ! ET ... fermée. Ben oui, fermeture annuelle. Ahem. Réouverture fin août, pour une livraison du sac le 26 ... même avec une bonne dose d'optimisme, il y a un moment où ce n'est PAS possible. Avant de poursuivre mon 'leather tour 2013', je checke par téléphone chez les autres fournisseurs. Chez celui qui finit par me répondre, je demande :
- Bonjour, êtes-vous encore ouverts cette semaine ? (oui c'est moi la petite voix en rôse)
- Ah non Madame, cette semaine, c'est direction La Corse !
- Oui mais bon là vous me répondez bien ? Vous êtes au magasin ?
- Ah oui Madame, mais on ferme ce soir à 17h.
Damned ! Il est 16h15. Je ne sais même plus si j'ai dit merci/au revoir, j'ai sauté dans le métro.
Un petit quart d'heure plus tard, je pénétre dans le royaume du cuir, et je fais la connaissance de celle qui est devenue mon estivale compagne d'atelier, ma vache :
Une belle peau de bovin, grainée noir, tannage végétal, à la fois souple et solide. Je me suis sentie très privilégiée de travailler une si belle matière.
Le patron était déjà prêt (une cinquantaine de pièces, tout ce que j'aime !), et c'est avec la petite goutte de sueur au coin du front que j'ai coupé dans la bête ... Mis à part le cuir, j'ai utilisé pour certaines pièces une drôle de matière synthétique qui ressemble à ce qui recouvre les sièges auto ou sièges de voitures.
Ma titine a carrément assuré, pas bronché sur 80% du chantier, même si à un moment j'ai du passer à la couture à la main avec pré-trous (mais en fait, ça aussi j'aime ...). D'ailleurs, ça demande moins de force que de se contorsionner pour faire passer toute la matière sous le pied de biche. Et après quelques litres de sueur, un dos et des doigts en compote, voici ce à quoi j'ai abouti :
C'est donc un sac à dos, avec un grand compartiment zippé, et un rabat qui contient une poche et en cache une autre en-dessous. A l'intérieur, de petits aménagements permettent de ranger stylos, papiers ou petite monnaie.
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C'est avec un peu d'émotion que j'ai expédié le paquet à Alice et sa maman. Mais celle qui a été le plus impactée c'est Minette qui avait élu domicile dans le carton où se trouvait le sac d'origine, que j'ai rendu également ! Trêve de plaisanterie, j'ai été très honorée de la confiance que m'ont accordée ces dames. Et le sac a eu le succès escompté auprès de son destinataire, donc ...
Objectif atteint !